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1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 16:12

 

Capellia vendredi 18 mars 20h30

 

 

 

 

Gainsbourg, héros d’un conte filmé

Sfar « invente », autour de son sujet, un monde visuel et sonore rêvé

Ce Gainsbourg tourmenté, cultivant toute sa vie son propre sacrifice, Sfar s’en empare sans complexe, comme le ferait un romancier russe. L’une des belles trouvailles du film consiste à affubler son héros d’un « double », une « gueule » en forme de patate – puis de rat –, avec qui l’enfant – et le jeune homme plus tard – entretient un dialogue tourmenté dans lequel il se rêve artiste peintre jusqu’à l’obsession, avant de détruire ses toiles, de rage.


Le premier film de Joann Sfar s’inspire de la vie du chanteur, mais ne prétend pas la raconter. C’est sa grande force quand il y parvient

GAINSBOURG (VIE HEROÏQUE) de Joann Sfar
Film français, 2 h 10

Presque vingt ans après sa mort en mars 1991, Gainsbourg devient le personnage d’un film rempli de fumées, comme une provocation à notre époque qui impose de gommer toute présence de tabac sur les écrans. Plus que cela : Gainsbourg « renaît » en « héros » de cinéma. Joan Sfar a intitulé son film Gainsbourg (vie héroïque).
Un choix pas anodin. Car Sfar a toujours aimé Gainsbourg, personnage de son enfance. Mais aussi parce que ce créateur de bandes dessinées, nouveau venu au cinéma, est un singulier raconteur d’histoires. Et de « son » Gainsbourg, parfaitement incarné par Éric Elmosnino, il fait le frère de Cyrano, séducteur obsédé, possédé par sa laideur : « En plus, j’ai une sale gueule ! », lance-t-il, agressif ou timide, à des femmes qu’il trouve suspectes de le trouver beau.
Le réalisateur explique que ce qui l’a intéressé, chez son sujet, « ce ne sont pas ses vérités, mais ses mensonges ». Ainsi, la question de l’identité juive de Lucien Ginzburg, alias Serge Gainsbourg, son rapport à cette partie de lui-même, occupe une place essentielle. Le film s’ouvre sur l’enfance : Lucien, fils de pianiste ashkénaze, gosse sans éducation religieuse, fanfaronne dans Paris occupé par les Allemands. Il se sent petit Français comme les autres, jusqu’à ce qu’on lui fasse porter l’étoile jaune qui l’exclut. Ce drame d’enfance constitue la meilleure partie du film.
 

Sfar « invente » aussi, autour de son sujet, un monde visuel et sonore rêvé : la musique originale d’Olivier Daviaud explore les thèmes célèbres de Gainsbourg, en ne donnant jamais le sentiment de les cloner. Tandis que les décors nous replongent avec poésie dans l’imaginaire des années 1950 et

 

1960 : l’atelier d’artiste, l’appartement de Juliette Gréco (Anna Mouglalis), ou les rues de Paris, quand Gainsbourg s’allonge sur la chaussée en compagnie de Boris Vian (Philippe Katerine).
Les grandes figures, précisément, les « femmes de Gainsbourg », connues de tous : là aussi, Sfar les aborde comme des icônes. Sa Brigitte Bardot (formidable Lætitia Casta) est plus maniérée que la vraie, tandis que sa Jane Birkin (que joue la regrettée Lucy Gordon), « se résume » à sa tenue : une robe courte.

 

Venu de l’univers de la bande dessinée, le fécond Joann Sfar (Le Chat du Rabbin), César du meilleur premier film, s’est imposé de belle manière au pays des images animées, grâce à son Gainsbourg (Vie héroïque) (1,2million d’entrées). L’œuvre, qui s’attachait à la figure du chanteur disparu il y a vingt ans, a valu à son interprète principal, le comédien de théâtre Éric Elmosnino – troublant de ressemblance avec son modèle –, le César du meilleur acteur. Le film a également reçu le prix du meilleur son.

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